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Maëva Haddad vit à Grenoble, elle a 21 ans. Elle étudie en dernière année de Licence de Droit à l’Université Grenoble Alpes et, jusqu’à l’année dernière, elle assumait la fonction de secrétaire pour le concours Eloquentia Grenoble.

Dans cette interview Maëva nous raconte comment elle est passée de son rêve de travailler en pédiatrie à… une licence de Droit… Bonne lecture !

Bonjour Maëva, raconte nous… d’où viens-tu et où as-tu grandi ?

Bonjour, je suis grenobloise, j’ai grandi à Grenoble avec mon frère et mes parents. Mon père est libanais et ma mère italienne. Je parle italien, et un petit peu libanais. Aujourd’hui je vis toujours chez mes parents. Je vais tous les ans au Liban car j’ai de la famille et aussi régulièrement en Italie.

Quel genre d’élève étais-tu as l’école ?

J’étais une élève plutôt sérieuse. Je me débrouillais toute seule parce que mes parents étaient commerçants et ils n’étaient jamais à la maison. J’ai donc vraiment appris à me débrouiller toute seule pour les devoirs, la compréhension. Je posais beaucoup de question en cours, je sollicitais beaucoup les profs. Je me souviens qu’au collège j’avais du mal et il y a avait un système où les élèves de 3ème aidaient les 6ème et le 5ème en faisant de l’aide aux devoirs et ça m’a bien aidé.

Au lycée je me suis un peu relâchée ! La seconde a été l’année où on a beaucoup rigolé et beaucoup moins travaillé… Au final j’étais quand même une élève sérieuse et je travaillais.

Quelle filière as-tu choisi au bac ?

Dès le départ je voulais choisir une filière S (scientifique) pour faire médecine. J’ai fait mon stage de 3ème aux urgences, j’étais intéressée par la pédiatrie.

Et au lycée, au conseil de classe, donc une semaine avant de devoir faire un choix définitif, les profs me disaient que je n’avais pas le niveau pour aller en S, que c’était une filière difficile. Pourtant, d’autres élèves avec des résultats moins bons que les miens dans les matières scientifiques, sont allés en S.

J’étais découragée et démoralisée. Jusque là, ils ne m’avaient jamais fait de commentaires sur mon choix, c’était très déstabilisant.

Donc par défaut, je suis allée en première ES (économique et social).

Finalement j’ai adoré l’économie et les mathématiques sous l’angle de l’économie. C’était vraiment intéressant. Au final je ne regrette pas !

Au niveau de tes résultats scolaires tu te situais comment ?

Au Lycée j’étais dans la moyenne, autour de 10 – 13/20. Au collège j’avais de meilleur résultats.

Comment as-tu fais tes choix d’orientations ?

J’ai choisi ES par défaut. J’aimais beaucoup et j’étais douée en langues mais je ne voulais pas faire un bac littéraire. Je voulais garder les maths donc la filière ES me permettait de garder ce côté un peu scientifique. Finalement ES c’était un peu l’entre-deux et ça me convenait.

Quand tu as choisi ta filière pour le bac, avais-tu une idée de ce que tu voulais faire plus tard ?

Je voulais faire une école de commerce et aller en prépa. Mon dossier a été refusé dans les deux prépas que j’avais demandées. Mon troisième choix était un choix de sécurité : licence de droit, parce que j’étais sûre d’être admise. Je n’avais aucun aperçu de ce qu’était la fac de droit, c’était vraiment un choix “sécuritaire” pour ne pas me retrouver sans rien.

Je suis donc allée en première année de licence et ça m’a vraiment plu. J’ai réussi mon année du premier coup. Alors qu’au lycée, les profs ne m’encourageaient pas à aller en licence. Ils m’orientaient plutôt vers un BTS ou un IUT carrières juridiques. Mais cette fois je ne les ai pas écoutés ! Finalement je suis allée en licence et ça se passe très bien !

Qu’est-ce qui t’a manqué au lycée pour faire un choix d’orientation ?

Je trouve que la nouvelle réforme du lycée va dans le bon sens parce qu’elle permet d’avoir un aperçu de différentes matières. Et c’est ça peut être qui m’a manqué, des matières “d’initiation” dans différents domaines. Par exemple le droit, à part en filière STMG, on n’en fait pas au lycée.

En général, au lycée on ne sait pas ce qu’on veut faire, ce qui fait qu’en choisissant une filière on se ferme des portes sans avoir une vue d’ensemble sur plusieurs domaines.

Il manque aussi une vision des débouchés, des métiers porteurs dans le monde du travail.

On peut aussi parfois se faire une fausse idée d’un métier.

En 1ère ES dans mon lycée on avait un stage obligatoire à faire avec un rapport de stage. Je trouve que ce serait une bonne chose de faire des stages chaque année. C’est vrai aussi que pour pouvoir faire un stage il faut avoir un réseau et on est souvent limité.

Comment tes parents ont-ils réagi quand tu as eu à faire tes choix après le bac ?

Mon père m’a toujours dit de faire ce que je veux tout en évitant de dépendre d’un patron. Je rappelle que mes parents sont commerçants !

Mon père m’encourage en fait à choisir un domaine dans lequel on peut être salarié mais aussi qui me permette d’être indépendante si je le souhaite ou si la conjoncture fait qu’il est difficile d’être embauchée. Le but étant de pouvoir créer mon entreprise si je ne trouve pas de travail.

As-tu une idée du métier que tu souhaites exercer plus tard ?

Oui je pense à notaire ou alors dans le droit immobilier, expert immobilier ou gestionnaire de biens.

Quels sont tes résultats à la fac par rapport au lycée ?

Je suis toujours dans la moyenne mais par contre ça me plaît beaucoup plus. Et je trouve que plus on avance dans les années plus ça devient intéressant.

On a aussi parfois l’idée qu’à la fac on est seul et livré à nous même. C’est faux parce qu’il y a les travaux dirigés qui permettent d’approfondir des notions qu’on n’a pas comprises pendant le cours en amphi. Les professeurs sont accessibles, on peut prendre des rendez-vous avec eux. Il ne faut pas être timide et y aller au culot !

Comment imagines-tu l’avenir ?

Pour ma génération, je pense qu’il y aura plus de possibilités, plus d’embauches. Avec la crise actuelle ça modifie la donne c’est sûr. Mais je pense qu’il y aura beaucoup de départ en retraite dans les prochaines années donc notre génération devrait avoir plus de facilité à entrer sur le marché du travail. J’espère me voir avec un travail et épanouie dans ce travail et peut être aller à l’étranger.

J’ai beaucoup d’amis qui partent à l’étranger pour étudier ou travailler, au Canada, au Quatar, en Angleterre.

C’est quoi ta définition de la réussite ?

C’est avoir une vie confortable. C’est à dire avoir un métier qui nous plaît et pouvoir en vivre décemment.

Quels conseils donnerais-tu à un lycéen qui ne sait pas ce qu’il veut faire ?

Déjà de ne pas écouter les professeurs. J’ai beaucoup d’amis qui ont été découragés, comme moi, par les professeurs mais qui ont persisté. Vraiment ne pas écouter le conseil de classe ni les professeurs, c’est LE conseil que je donnerais à un lycéen.

Et puis je pense que ce n’est pas la moyenne au lycée qui va déterminer si on va réussir dans une filière ou dans une autre. Si il y avait eu une sélection à l’entrée en licence, je ne pense pas que j’aurais eu mes chances alors que j’ai réussi toutes mes années et que je vais aller au bout de mon parcours d’études. C’est dommage, la mise en place de cette sélection à la faculté.

Si ce ne sont pas les notes au lycée, qu’est-ce qui, à ton avis, détermine la réussite des études supérieures ?

Ce sont vraiment les goûts et la rigueur dans le travail.

Vois-tu autre chose à conseiller à un lycéen ?

Faire des recherches, parler à des gens qui ont une profession, utiliser son réseau au maximum. Même si on n’a pas de réseau ne pas hésiter à aller vers les oncles, les tantes, les parents, les copains des parents, les parents des amis.

Il ne faut pas être timide et y aller au culot ! J’ai une copine qui n’avait aucun réseau, elle est allée à la nuit du droit et a demandé un stage au bâtonnier ! Et c’est le bâtonnier qui est allé lui chercher une avocate dans le palais de justice pour lui dire que ma copine cherchait un stage !

Donc il faut vraiment y aller si un domaine nous rend curieux, prendre des contacts, envoyer des mails même si on ne nous répond pas. Mais j’ai remarqué que les professionnels sont très ouverts, ils adorent raconter leurs histoires !

Je conseillerais aussi de s’engager dans des associations au lycée parce qu’à la fac c’est moins facile, on a moins de temps. S’engager va permettre d’avoir une expérience plus rapidement, de comprendre beaucoup de chose. Ca peut aider à se construire un réseau.

Que retenir de l'expérience de Maëva ?

Les résultats scolaires ne doivent pas, à eux seuls, conditionner un choix d’orientation. Un étudiant est bien plus que des résultats scolaires. Ce qu’il porte dans son cœur, ses envies peuvent aussi conditionner sa réussite dans ses études supérieures.

La curiosité est un élément essentiel dans un choix d’orientation. Ne pas hésiter à questionner les professionnels, les étudiants qui suivent le parcours convoité. Ne pas avoir peur de poser des questions, les gens aiment parler de leur parcours !

Se faire confiance.

Vous pouvez suivre le parcours de Maëva sur Linkedin

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5 commentaires sur “Maëva : les profs m’orientaient vers un BTS ou un IUT. Je ne les ai pas écoutés !”

  1. Bonjour,

    Je connais Maeva en stage au cabinet. C’est une étudiante intelligente, dynamique qui réussira quelque soit la filière qu’elle choisira. C’est une battante. Et je partage pleinement l’affirmation selon laquelle il ne faut pas (toujours) écouter les conseillers d’orientation… qui ne sont pas toujours de bon conseil ! J’ai eu la même expérience en 1977 lorsque l’on voulait m’orienter vers le technique alors que depuis l’âge de 10/12 ans je voulais devenir avocat (mon père était soudeur et ma mère ne travaillait pas : je ne correspondais donc pas au standard, très certainement ?). Aujourd’hui je suis Avocat depuis bientôt 33 ans (prestation de serment le 20 décembre 1988). Et je pense avoir réussi dans mon domaine. Alors oui, n’écoutez que vous-même foncez même si il y aura des hauts et des bas ! Cordialement, Maître Bernard BOULLOUD, Avocat au Barreau de Grenoble

    1. Merci pour votre témoignage qui peut donner de l’espoir aux jeunes ! Les conseillers d’orientation sont de bons conseillers pour informer les étudiants sur les filières, les débouchés. Je constate, en revanche, que peu de personnes, au sein du système éducatif, n’ont les compétences pour accompagner les jeunes sur la connaissances de soi, pour les aider à déterminer ce qui compte vraiment pour eux. Et malheureusement, très souvent, le conseil est basé sur les résultats scolaires. Or un étudiant est bien plus que des résultats scolaires ! Et justement ma passion est d’ouvrir les jeunes à la perspective qu’ils sont bien plus que des résultats scolaires. Bravo pour votre parcours, bravo d’avoir eu le courage d’aller au bout de ce que vous sentiez juste pour vous. Votre parcours est inspirant !

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